Un début d'été/8

les reflets des trains sont voyeurs
ils toisent les solitudes
sur le point de s’assoupir
sur des sièges en sueur
sédiments à bouts
de bonheur
entre débuts de ruptures
confidences romantiques
parfums méphitiques
fins de soirée en ratures

nous avons pris du retard
pourtant nous sommes partis à l’heure
à moins qu’il existe un jet lag
entre Namur et Florenville
les rails flambeuses labyrinthées
s’éreintent et coupent à travers champs
trois vaches paissent
dans un champ mal fauché
un écran mal fichu
me contemple tel un miroir

Médée s’est mise en veille
sur le plan de la Callas
la batterie a lâché
je suis à la fois antique moderne
caduque et d'avant garde
tu hésites entre Pasolini et Rosselini
Roma città apperta ou Mamma Roma
rentre dans l'ordi , en catimini
et demande à Anna Magnani
si elle préfère les terrains vagues
aux ruines
je me suis trompé d'époque
entre l'opaque et l'épique
surgissent
les monstres du grand capital
ou d’une souveraineté populaire
à la masse


il en va ainsi de nos vies
qui se lisent dans les films
et nous mettent en abyme
les espace-temps s’entrelacent
toutes et tous au départ
à divers endroits du quai
première ou deuxième classe
surprenant ce vestige
aux oripeaux d’ancien régime
surtout pour un service public
le coin fumeur désaffecte sa ligne
même les tables disparaissent
on ne peut plus travailler
Y-a-t-il un message à faire passer ?

où s’en vont celles et ceux qui effacent
leurs escapades par des plumes
à l’encre sympathique sur le rail pass
plus de traces de leur passage
dans ces wagons de nuit
pardon, vous vous êtes endormis
il vous faut prendre le sens inverse
ou rester ici

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