Un début d'été/22

 

 

On est ici chez nous

Répètent-ils en boucle

ces chenus en bout de course

Face à eux face à ceux

qui veulent élargir

leur pays pour y  loger

leurs dystopies

 

je dépose sur ta frontière

un baiser de Judas

n’as-tu pas dit hier

que nous étions « tous frères »

au nom de la raison

d’Etat

 

tu avances comme une funambule

sur un fil qui s'agite

le vent des trahisons

te fouette le visage

girouette sauvage

 

fidèle à tes félons

tu bondis sur l'autre flanc

de montagne

puissance du corps, de l'âme

tel un Eros en cavale

 

nous vivons comme des migrants

condamnés à l'exil

sans plus d’ancrage

dans un pays à géométrie variable

qui réclame une bouée de sauvetage

 

la poétique des ruines

hante les Abruzzes

remonte les rives

d’Aterno Pescara

 

Les hôtels de passe se débinent

défilent devant une bobine

de souvenirs qui ont rues sur pignon

dans une ville en suspension

 

Voir Rome et puis renaître

au-delà l’Italie s’étiole

il n’y a plus rien après le Nord

j'en perds le Sud

 

je ne fais décidément rien

comme tout le monde

 

les nations fragiles

je connais "en tant que belge"

je donne ma langue au chagrin

comme chantait l'amoureux de Paname

 

tu restes ici

pourquoi pas l'asylum?

le road movie le city trip 

on est ici chez nous

répètent-ils en boucle

face à ceux

qui veulent conserver

leur pays pour y  garder

leurs cérémonies 

 

ils déposent sur ta frontière

un baiser de Judas

n’as-tu pas dit hier

que nous étions « tous frères »

au nom de la raison d'Etat

d'urgence

 

je reste ici chenu

vieillir rien ne peut 

t'arriver de pire 

fidèle à tes félons

tu bondis sur l'autre flanc

de montagne

 

 

 

 

 

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