Un début d'été /19

Elle a pris son téléphone pour annuler ses rendez-vous, les fêtes, les anniversaires. Elle a ressenti un plaisir non coupable à annuler comme si la déprogrammation la soulageait. Où se situe notre limite ? Comment toiser la finitude, "nous autres modernes"? Quelle est la frontière entre écouter son corps et écouler son coeur? Quelle est la différence entre la paresse, l’aboulie et l’acédie? Comment faire le départ entre le domptage de la fuite en avant, la désertion du courage et la fuite en arrière ? Peur de l'échec, angoisse de la réussite, mélancolie anticipée du syndrome post festif? L'euphorie des rassemblements s'éteint dans les vestiges d'emballages cadeau. Elle a éprouvé une joie à saboter sa programmation comme si elle contrôlait l'alpha et l'omega.

Ses plannings font de l'aquaplanning. Peu importe,  elle sabote la route et personne ne pourra se rendre à destination. 

Le moindre projet nécessite l’effort initial. La mise en mouvement. Même ce qui me plaît et donne sens à ma vie me fatigue. Que signifie s’écouter soi quand notre identité s’incarne dans le mouvement, dans la réitération, dans le déplacement ?  Subjectivité ou subjectiv-action? Peut-être faudrait-il songer à ne plus s'écourter. Se raconter ce qu'on aurait pu faire ou faire - et ensuite trouver une cohérence, une téléologie, un dessein dans la tapisserie? Plus que jamais, je pense que :  « je fais donc je suis ».

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