Un début d'été/18

La peur de la fin d’été contrecarre mes projets d’insomnies. J’ai toujours mal vécu les transitions. De la troisième maternelle à la première primaire, déjà. Le drame du passage. La tragédie du changement. La tristesse d’une fin de film, les adieux à un personnage à qui on doit dire « au revoir » sans imiter Giscard. Alors j’y retourne, je m'y installe, je me nappe de nippes en répliques, j’hiberne dans la fiction, je reviens au début, je me baigne dans le même fleuve, dans la rivière de l'oubli qui s'amnésie, allégrement. Je suis comme une cassette VHS qui se rembobine sans cesse. Pourtant, je me refuse parfois à voir certains films car j’ai peur de m’y sentir trop bien et que le choc de l’accostage soit trop abyssal. Je ne sais pas si je vais me remettre d’Harrison Ford qui rencontre Archimède en 212 sous le regard mutin de Phoebe-Waller Bridge. Je ne sais pas si je vais me remettre d'avoir un jour frôlé ta main sans que la nuit ne s'invite à notre table. Les films en racontent plus que nos vies et nous mettent en intrigue à notre insu. Je ne sais pas si je vais me remettre du générique de fin.  

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