Je ne vis que pour les débuts
ne me lève que pour les vêpres
qui goûtent aux premiers jours d’été
Et aux premiers baisers
Dans les repas entre convives
On crie parfois mort aux cons
Je préfère tremper mes lèvres
les apéros qui traînent
Je suis né dans les vendanges
Dans la nostalgie de l’enfance
Je prends le bon côté de la vie
le bon coteau de la vigne
J’préfère les premiers mots d’un livre
Longtemps je me suis couché de bonne heure
Les bandes annonces plus que le film
La genèse du poème
de toutes les inaugurations
j’assiste au vernissage du ciel
respire le liminaire du temps
le souffle avant l’étreinte
Flaubert rapporte ce propos
« Fermez la fenêtre, c’est trop beau »
Dans une lettre je m’arrête
À l’apophtegme en exergue
Que mes prophéties s’encarafent
Que mes souvenirs rendent grâce
Aux narthex et aux couloirs
Aux corps qui se dégrafent
Je prolégomène mes vies
En mélodies qui s’éternisent
Je ne garderai des chansons
Que leur introduction